lunes, 26 de octubre de 2009

Embriágate

Charles Baudelaire


Es preciso estar siempre ebrio. Todo consiste en eso: es la única cuestión. Para no sentir la horrible carga del tiempo, que aplasta tus hombros y te inclina hacia la tierra, es preciso que te embriagues sin tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, de lo que te plazca.
Pero embriágate.
Y si alguna vez en los escalones de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la soledad lúgubre de tu cuarto, te despiertas, la embriaguez ya disminuida o ya desaparecida, pregunta al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, pregúntales que hora es, y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, te responderán:
¡Es hora de embriagarse! Para no ser esclavos martirizados del tiempo, embriágate ¡embriágate sin cesar! De vino, de poesía, o de virtud, de lo que te plazca


Enivrez-vous

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps que brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, a tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, a tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure est il ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : - Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.

2 comentarios:

Unknown dijo...

Estos son los poemas que te cambian la vida

Unknown dijo...

Qué maravilla el embriagarse de poesia!